Conferência 2: A relação entre produção artística e reflexão teórica/Íntegra

Logo Padrões aos Pedaços
DOCUMENTAÇÃO
Conferência 1
Conferência 2
>> Sobre o tema
>> Textos na íntegra
>> Resumo da conferência
>> Relato da conferência
>> Resumo do debate imersivo
>> Relato do debate imersivo
>> Documentação audiovisual
Conferência 3
Mesa-redonda 1
Mesa-redonda 2
Mesa-redonda 3
Mesa-redonda 4
Comunicações
Considerações finais
Conferencistas: Suzanne LafontJosé Teixeira Coelho Moderador: Martin Grossmann. Auditório 1.
Relatores: Paula Alzugaray (resumo), Cauê Alves (relato), Paula Braga (coordenação de relatos)

 

Textos na íntegra:

Teixeira Coelho
Suzanne Lafont

Texto apresentado por Susanne Lafont

 

(the pictures are indicated in red)

 

 

Dans mon travail il y a des personnages, des lieux et des actions.

 

Je commence par les personnages.

 

1/  parmi les personnages il y a ceux dont l'activité consiste à se déplacer:

 

-  déplacement-type: un passant: image passante

 

- image des danseurs : autre type de déplacement accompagné de l'idée de fantaisie du mouvement: des danseurs

 

-  image balayeur : un balayeur: déplacement particulier accompagné des intentions de rangement, de mise en ordre, d'entretien de l'espace environnant

 

- image du gardien : un observateur : interruption du

déplacement accompagnée de l'activité du regard: examen de l'espace environnant

 

2/  parmi les personnages il y a aussi ceux qui sont liés à une activité sédentaire:

 

a-  les activités sédentaires appartiennent à un registre utilitaire:  les objets manipulés sont des instruments ménagers et de rangement

les actions se déroulent dans un espace réduit, sombre et mal défini, qu'on pourrait identifier à un débarras;

dans ce réduit, les personnages sont actifs:

 

-  actifs et bruyants : pers. 2

-  actifs, distraits, et silencieux : pers. 3 + pers. 1

-  silencieux, endormis et occupés par l'activité du rêve: pers. 4 + pers. 8

-  silencieux et occupés à soulever des charges: pers. 6 + pers. 5

-  silencieux et sans soumission : pers. 7

 

b-  parmi les personnages sédentaires il y a ceux qui n'ont pas de consistance corporelle

ils ont 2 types d'activités:

- les uns exécutent des mots par les moyens du mime:

 

(lire les mots)

bonjour         

vacarme

rebelle

élégance

intrus

inanimé

original

répété

retourné

 

 

-  les autres incarnent le standard du fantôme et n'ont d'autre activité que de hanter les lieux

 

de manière contemplative fant. bleu 1

de manière décontractée fant. bleu 4

de manière agressive fant. bleu 2

de manière craintive fant. bleu 3

en rasant les murs fant. rose 1

en observateur fant. rose 2

de manière pensive fant. rose 3

 

 

 

 

J'en viens aux lieux:

 

parmi les personnages il y a ceux qui se logent dans l'espace

 

l'espace peut être constitué par un ensemble d'éléments concrets détachés de leur contexte, géographiquement indéterminés et sans qualité particulière,

du type:

 

(dire les mots en même temps que les images)

-   panneaux publicitaires

-         portion de ciel

-         entassement d'objets

-         façades d'immeuble

-         etc…

 

 

les façades d'immeubles peuvent être, à leur tour, géographiquement identifiées

dans ce cas les éléments du décor jouent le rôle de bornes indicatrices et déterminent  un lieu :

 

(dire les noms)

-         Istanbul

-         Beograd

-         Budapest

-         Wien

-         Frankfort

 

      

parmi les personnages il y a encore ceux qui, au contraire, n'ont pas de place

-  ni dans un espace indéfini

-  ni dans des lieux déterminés

et qui sont par conséquence dénués d'existence corporelle

 

ils n'ont pas de place:

-  mais ils ont une fonction

-  ou ils sont des fonctions

 

lorsqu'ils sont dans l'exercice d'une fonction

ils accomplissent une charge

ces charges peuvent être de nature diverse

exemple:

ELIMINE avec personnage    (dire le mot)

le groupe d'images auquel appartient ce personnage a à charge de doubler - au sens cinématographique du terme - le langage et d'illustrer des mots

les protagonistes exercent donc une fonction illustrative,

et dans ce cas précis l'illustration est "de discrimination"

 

les personnages sont donc topiques

leur exercice consiste à s'introduire sur la scène des arguments afin d'en donner la réplique illustrative qui ne les déborde jamais:

 

(dire les mots)

-  argument de constat:  OBSERVE (sans pers.)

-  argument de discrimination:  ELIMINE (sans pers.)

-  argument de progression:  ENCHAINE (sans pers.)

 

 

parmi les personnages qui n'ont pas de consistance corporelle et par conséquent ne prennent pas place dans des espaces indéterminés, ni dans des lieux déterminés,

et également dont la fonction n'est pas directement illustrative

il y a ceux qui sont des fonctions

 

 

en tant que fonctions ces personnages permettent d'établir une relation entre 2 ensembles

ces 2 ensembles sont :

-  d'une part les choses

-  d'autre part les mots

 

l'exercice de leur fonction consiste à mettre en correspondance l'ensemble organisé des choses avec l'ensemble organisé des mots

 

l'ensemble organisé des choses, on le perçoit dans la photographie d'un lieu par exemple:

image sao paulo 1 (sans filles)

on peut voir d'ailleurs que l'ensemble organisé des choses n'est pas exempt de mots

mais que ces mots existent au même titre qu'existent les choses, à travers leur inscription visuelle

ces mots désignent d'ailleurs ici une marque , c'est à dire un élément langagier renvoyant directement à une marchandise , soit à une forme réifiée du monde

et corrélativement du langage

 

 

à l'ensemble organisé des choses correspond donc l'ensemble organisé des mots

image des ombres avec cases-mots vides

dans le projet que je vais présenter dans quelques semaines à la Pinacoteca, ce personnage a pour fonction d'exercer le langage et de découper dans l'ordre des mots l'ordre des choses, tel qu'il apparait, entre autres, dans l'image urbaine que l'on vient de voir - qui représente une place à Sao Paulo -

 

(pour l'instant je laisse la verbalisation muette)

 

voici une variation de la photographie de la place que j'ai montrée précédemment:

image sao paulo avec filles

et voici la confrontation des 2 situations

image des 2 images en confrontation

la vue est répétée à 2 moments différents de la même journée

le cadrage est le même

seul les éléments variants liés au passage du temps introduisent des différences dans les images:

 

-  dans un cas le soleil apparaît

-  dans l'autre cas le soleil disparaît

-  dans le cas où le soleil disparaît, le couloir de l'immeuble s'éclaire

-  dans le cas où le soleil apparaît la boutique ouvre, puisque l'on constate que le rideau métallique est relevé

-  dans le cas où le soleil disparaît la boutique ferme, puisque l'on constate que le rideau métallique est baissé

 

le temps social se cale sur le temps naturel, et à l'heure où l'activité diurne s'interrompt nous observons que les gens prennent le temps de flâner: la conversation entre les 2 filles en bas à droite de l'image en témoigne

 

de même le rideau de la boutique comme une paupière qui se ferme sur le temps compté du travail instaure, avec l'image du cavalier qui apparaît, un temps mythique et un temps de la rêverie (plutôt dérisoire et de pacotille dans ce cas précis)

 

image de fille-ombre mais avec phrases inscrites

 

donc, parmi les personnages qui n'ont pas de consistance corporelle et dont la fonction n'est pas directement illustrative, c'est à dire qui ne prennent pas le langage comme un rudiment d'exercice et un projet de gesticulation

 

il y a ceux dont la tâche est à proprement parler d'exercer le langage

ceux-ci sont à même de décrire des situations

les textes inscrits au-dessus de la figure et sous les cases vides sont:

-  "le soleil apparaît"

-  "la boutique ouvre, le rideau est levé"

-  "le soleil disparaît, le couloir s'éclaire"

-  "la boutique ferme, le rideau est baissé et une peinture de cavalier apparaît"

-  "deux filles parlent entre elles"

 

et parmi ces situations on compte la situation très particulière du langage:

-  "ce qu'elles disent n'apparaît pas"

 

image du détail de la conversation

 

"ce qu'elles disent n'apparaît pas", car les mots sont une classe spécifique de choses qui, sans avoir la matérialité et la consistance des choses elles-mêmes, a cependant le pouvoir de les désigner et de les signifier toutes

 

la pièce s'appelle "épisode"

l'épisode en question est la conversation entre ces 2 femmes

la photographie n'enregistre pas les paroles échangées, mais permet en revanche d'aménager la scène en théâtre muet

l'action du personnage fantomatique consiste donc à traduire dans le langage les divers événements de l'image et à conduire le récit vers la zone en réserve de l'image, vers la case vide.

 

 

L'échelle des images sera celle de l'espace

 

 

 

image VARIABLE 1

 

Au contraire les personnages fantomatiques ayant à charge d'illustrer des mots à travers un exercice de gesticulation ont un programme très différent.

Leur action ne consiste pas à vider des cases ou tout au moins à rechercher et dramatiser les cases vides, mais à les remplir, et à le faire avec le maximum de diversité:

 

 

L'action réside dans le fait de tirer parti de la décomposition alphabétique du langage, en attribuant à un mot donné autant de situations que le permet le nombre de lettres qui compose ce mot:

 

Les mots sont déclinés en français


ainsi le mot VARIABLE est constitué des 8 épisodes correspondant aux 8 lettres dont il est formé, chacun de ces épisodes commençant respectivement par chacune de ces lettres:

-  V comme violence

-  A comme arme

-  R comme rire

-  I comme intrus

-  A comme acteur

-  B comme bonjour

-  L comme lecture

-  E comme élégance

 

la logique des épisodes est arbitraire dans ce cas, puisque le sens du mot est essentiellement celui du changement

 

 

 

un autre exemple : le mot MIROIR

image MIROIR

la séquence reprend un numéro de clown: "le miroir brisé", et joue sur la réplique impropre, décalée, inadaptée de l'image spéculaire

- M comme Mesuré

- I comme Inadapté

etc…

 

le titre de cet ensemble d'images est "Épisodes", au pluriel cette fois

ces séquences ont été réalisées en 2001

l'échelle des images renvoie à l'idée de manipulation: les images ont à peu près la dimension de marionnettes: entre 50 et 60 cm

 

 

-  pour les personnages sans consistance corporelle, l'action qui attribue à chaque situation une pluralité de circonstances opère de l'intérieur, par division interne: ce qui est, somme toute, très naturel puisque les fantômes sont des manifestations sans résistance, que l'on traverse aisément

l'ombre est comme un fluide sécable en n'importe quel point

 

-  pour les personnages, en revanche, dotés d'une existence corporelle, la séparation est externe, et c'est de l'extérieur que les personnages acquièrent une complexité circonstancielle

 

image montage souris

image montage passante

 

ces photmontages font partie d'un ensemble intilé "Le Défilé"

le titre signale le caractère provisoire des agencements puisque en français le mot "défiler" est le contraire de "enfiler"

ces montages ont été réalisés en 1996

j'ai utilisé ces images par la suite pendant plusieurs années, dans différentes configurations lors des expositions

elles sont à échelle humaine

 

 

autre exemple de mise en situation des personnages:

Trauerspiel image istanbul

 

cette séquence s'intitule "Trauerspiel", littéralement "jeu de la tristesse"

elle reprend le titre de l'essai de W. Benjamin sur le drame baroque allemand

elle a été réalisée en 1997 pour la Documenta X

les épisodes sont géographiques

ils retracent les étapes de la migration turque après-guerre vers l'Allemagne occidentale: 

Istanbul, donc

chaque étape est complétée par une étape intercallaire visant à représenter la continuité du voyage:

Istanbul / Beograd

Beograd

Beograd / Budapest

Budapest

Budapest / Wien

Wien

Wien / Frankfurt

Frankfurt, terme du voyage

 

géographiquement identifiées, les images de lieux, aménagées en grilles, véhiculent les personnages à travers l'Europe un peu comme dans les compartiments d'un train

l'action consiste donc à imbriquer à l'intérieur d'un ensemble géographique vaste, qui est celui du continent, l'espace réduit d'une cabine sans ouverture sur le dehors,  à l'intérieur de laquelle les personnages s'affairent

 

 

c'est la raison pour laquelle j'avais choisi, à Kassel, de montrer les images dans un passage souterrain, soustrait à la lumière du jour, qui faisait office de cabine aveugle dans la ville:

entrée du passage

images de la place centrale avec commerces

diptyque avec commerces

 

 

 

ce passage abritait de petites boutiques et le caractère hétéroclite des articles vendus: t. shirst, chaussettes, récipients en plastic, etc… rappelait l'aspect très concret des objets manipulés par les personnages

diptyque des personnages

détail des gants

 

 

dans la structure en étoile du passage la progression mécanique d'enchaînement des lieux se défaisait, avec elle la logique linéaire du voyage, et avec elle la perception chronologique du temps

image couloirs

diptyque couloirs

 

les échelles se confondent

l'échelle de la ville de Kassel avec les noms des rues auquelles les couloirs donnent accès, et l'échelle du continent avec les noms des villes qui le jalonnent, etc…

 

image passage: sortie

l'action consiste donc à imbriquer dans l'espace réduit

d'un passage urbain la dimension géographique d'un récit historique

un peu à la manière dont on rêve sur un atlas, elle vise à produire une construction mentale et à alimenter une rêverie sur les fantômes de l'histoire